lundi 22 août 2011

Les jovialistes sont pas supposés se remettre du cancer?

... parce que parti comme c'est là, les événements ne me donnent pas trop envie d'abandonner mon pessimisme habituel, pessimisme qui soi-disant donne le cancer selon certains.

J'ai été surpris d'apprendre le décès de Jack Layton ce matin. Parce que c'est vraiment arrivé vite. Lors de sa dernière apparition publique, que j'avais écouté live à la job avec un collègue, Jack avait l'air d'avoir déjà un pied dans la tombe. Ledit collègue et moi, on s'était regardés quand Jack avait affirmé aux caméras qu'il reviendrait pour le début de la session parlementaire. On n'avait rien dit. Parce qu'on n'avait rien besoin de dire.

N'empêche, je n'aurais jamais cru que son état se détériorerait aussi vite. Aujourd'hui, nous sommes en deuil d'un rare politicien inspirant. Bon, il faut avouer que Jack a eu "le bonheur" de mourir sans toucher au pouvoir. Il sera donc élevé au rang de saint, puisqu'il n'a pu être corrompu. Comme Bouchard quand il a perdu sa jambe. Sauf que Bouchard n'est pas mort, et il est revenu s'associer avec les industries qui exploitent les gaz de schiste, ce qui a fait disons pâlir son étoile. Alors que Layton restera un pur. Mais quand même, depuis les tactiques de peur employées par nos voisins du Sud avec George W. lors des élections, tactiques depuis copiées par ce cher Harper, Jack et son positivisme faisaient pas mal plus de bien qu'Uniprix.

Je me rappelle des dernières élections. Alors que les pubs télés des conserves ne faisaient que rabaisser les libéraux (dont celle hilarante qui déclarait avec une voix d'outre-tombe que le méchant Ignatieff voulait imposer une nouvelle taxe sur les IPod! Quelle horreur!), celles des Oranges décrivaient ce qu'eux feraient avec le pouvoir. On a tendance à l'oublier, mais le but premier d'une élection, c'est ça.

Ça m'a donc fait quelque chose d'apprendre son décès. Mais j'ai été carrément touché quand j'ai su qu'à l'agonie, Jack avait pris le temps d'écrire une dernière lettres à ses électeurs, à son parti, aux Québécois et aux Canadiens. Voilà qui contribuera certainement à le faire entrer dans la légende. Moi, s'il ne me restait que quelques jours à vivre, je me foutrais bien des citoyens de ce grand pays et je profiterais des derniers instants avec mes proches, des putes et beaucoup de morphine. Mais moi, je ne suis pas inspirant. Jack aura été fidèle à lui-même jusqu'à la fin. Quand même ironique de savoir que depuis des années, on se plaint de la politique canadienne, comme quoi nous n'avons pas de personnes inspirantes comme Obama ici. Peut-être en avions-nous un, mais que nous nous en sommmes rendus compte trop tard. Peut-être que nous nous en sommes rendus compte quand tout ce qui restait à faire avec Jack Layton, c'était de le pleurer et de lui rendre hommage. Peut-être que Jack Layton va aller rejoindre les clichés de la race humaine, ceux affirmant qu'on apprécie pleinement quelque chose une fois qu'on l'a perdu.

On entend souvent les gens se plaindre de souffrir de cynisme face à nos institutions. J'ai moi-même sorti cet argument ce matin au crétin de policier qui m'a donné une contravention pour avoir roulé en vélo sur le trottoir au lieu de frôler la mort dans les rues d'heure de pointe remplies de conducteurs imbéciles. L'affaire, c'est que le cynisme, c'est très bien, mais à un moment donné, ça devient non-constructif. Je dis souvent que j'attends le messie pour l'indépendance du Québec, messie qui visiblement n'est pas pressé de se montrer. Peut-être qu'au lieu d'attendre le messie parfait, je devrais regarder un peu ce qui est disponible et faire un effort.

Je ne pense pas que Jack Layton était parfait, même si j'ai voté pour lui aux trois dernières élections fédérales. Je pense que les réactions des gens aujourd'hui sont très émotives, incluant la mienne. Mais il inspirait tout de même plus confiance que Harper, Martin, Chrétien et tous les autres charognards qui ont occupé le poste d'honorable en chef. C'est de plus en plus difficile à croire, mais certaines personnes s'en vont en politique pour réellement changer le monde, et en faire un meilleur endroit. Maintenant, c'est à nous d'identifier ces trop rares politiciens. Si possible, avant qu'ils ne décèdent.

Et à tous ceux qui disent que ce sont les meilleurs qui partent en premier, je trouve quand même ça logique. Le cancer n'est pas plus fou que nous autres, lui non plus il ne veut rien savoir d'Harper.

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