samedi 26 septembre 2009

C'est l'automne, tout le monde meurt.


Si j'ai pris la peine de souligner le décès de Michael Jackson, je vois vraiment pas pourquoi je ferais pas de même pour Pierre Falardeau.

Ça me fait de la peine de savoir qu'il est parti. Falardeau, c'était une bouffée de sincérité dans le paysage médiatique québécois. Il avait ses fans, il avait aussi ses détracteurs, mais surtout, il avait sa cause. Une cause qu'il n'a jamais abandonnée. Une cause en laquelle il a toujours cru. Une cause qu'il n'aura finalement jamais vue. C'est ce qui m'attriste le plus, je crois, de savoir que cet homme s'est battu pour quelque chose toute sa vie et ne verra jamais son rêve se réaliser. Il y a quelque chose d'assez tragique dans cette réalité. Surtout que Falardeau, il avait du talent. Ces dernières années, certains diront que le personnage avait pris le dessus sur l'homme, et qu'il ne possédait plus sa pertinence d'antan avec son discours parfois radical. Pour ma part, il m'a un peu perdu avec ses chroniques à la fin du (également défunt) journal Ici, mais je me dis que c'est peut-être parce que j'appréciais tellement les chroniques de François Avard qu'il était évident que son successeur n'allait pas autant me plaire. Toujours est-il que Falardeau, c'était un bon réalisateur et écrivain et il a décidé de mettre son talent au service de son rêve. Il était exactement le contraire d'une pute. Bon, on pourra lui reprocher les grotesques suites d'Elvis Gratton (je n'ai toujours pas osé visionner le troisième volet, d'ailleurs), mais je préfère croire la légende urbaine disant que Falardeau a fait Elvis Gratton 2 pour avoir ensuite les moyens de faire 15 février 1839, un film qui lui a demandé des années de patience envers les hautes instances qui distribuent le financement.

Falardeau avait de l'humour, il avait également de l'esprit. C'est pas pour rien que j'ai une citation de lui en permanence sur mon blogue, citation que je trouve tout à fait délicieuse, surtout en ce qui concerne le milieu artistique. Les médias aimaient exploiter sa colère, parce qu'il avait souvent la réplique qui tue, la phrase assassine qui se place dont bien en ouverture de l'émission dont il est l'invité. De plus, il ne se gênait jamais pour frapper sur les journalistes, un métier qu'il jugeait primordial et pourtant trop souvent botché. Ces dernières années, il a été frappé du cancer et a vécu sa maladie sobrement, loin des médias. Je me souviens d'une entrevue dans laquelle il disait: "J'ai toujours cru que j'allais mourir. Maintenant, je le sais". Ça m'avait attristé. Je ne voulais pas qu'il parte. Pas tout de suite.

Quand Claude Ryan est mort, Falardeau a fait couler beaucoup d'encre en publiant son désormais célèbre "Salut, pourriture!" qui m'avait bien fait marrer. C'était ça, la sincérité de l'homme. Il avait détesté Ryan toute sa vie, il n'allait pas commencer à changer de discours parce qu'il était mort! Il a également eu l'audace de se pointer à l'enterrement de Pierre-Elliot Trudeau. Une journaliste de Radio-Canada lui a demandé ce qu'il faisait là, et il a répondu: "je suis venu m'assurer qu'il était bien mort." Classique. Juste pour ça, je vais toujours le respecter.

Évidemment, je comprends que ça peut choquer le monde. Ce que je comprends moins, c'est que tous ceux qui ont été choqués par ses propos sont les premiers à les reprendre aujourd'hui, sur les blogues de toute sortes, et de saluer le décès de Falardeau avec le même "salut pourriture" qu'il a employé. Je ne crois pas que ça dérangerait l'homme. Je trouve juste ça con que ceux qui se sont offusqués de son discours soient les premiers à le récupérer. Deux tons deux mesures, faut croire.

Au-delà de la cut qui tue, moi, ce que je voyais quand je le regardais en entrevue, c'était l'amour qu'il avait pour son peuple, même quand ce dernier le décevait tellement. Pas de langue de bois, mais toujours la même passion, la même fougue. Ma verve indépendantiste, qui vacille parfois, a été réanimée maintes fois par une entrevue donnée par cet homme. Maintenant qu'il est parti, vers qui je vais me tourner? Luck Mervill?

Il nous laisse un héritage: Le Steak, Le Temps des Bouffons, Pea Soup, Octobre, le Party, Gratton, ainsi que de nombreux textes. Il a également donné une conférence intéressante intitulée "L'indépendance ou la mort", dont on peut retrouver des extraits sur youtube. L'indépendance ou la mort. Malheureusement, pour lui, ça aura été la mort.

Si jamais un jour, on devient un pays, j'aurai assurément une petite pensée pour lui.

Salut Pierre. Et merci.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Une cause qu'il n'aura finalement jamais vue. C'est ce qui m'attriste le plus, je crois, de savoir que cet homme s'est battu pour quelque chose toute sa vie et ne verra jamais son rêve se réaliser." Benoit Cyr

T'sé Ben, dans la vie on a tous des causes que l'on veut bien défendre pis des rêves qu'on aimerais bien réaliser. Mais l'indépendance Nationale, c'est plus qu'une bagarre que ça va prendre. C'est une utopie. Pis toé pis moé pis Victor on verra pas ça, c'est plate mais c'est ça.

Je sympathise profondément avec sa famille et ses amis...

Et je vais te faire un Falardeau et je vais te dire que je ne l'aimais pas ce mec. Puis je ne suis ni Fédéraliste, ni Séparatiste. En plus, je trouve qu'il mettait des roues dans La Cause par ses déclarations débiles et ses comportements primitifs.

Ses films ne sont pas tous bons Man. Je crois honnêtement qu'Elvis Gratton 2 est un des pires films jamais fait au Québec mais Elvis Gratton est trop bon. Mais le personnage faisait peur et faisait jaser. Et la critique semblait avoir peur de lui.

PET. T'sé, aller voir si un cadavre est bien mort: si un gars vient à l'enterrement de mon père voir s'il est vraiment mort, il va passer le plus mauvais quart d'heure de sa vie, je te le jure. On est d'accord pour dire qu'il a fait ça pour se faire de la PUB. Parlez-en en mal MAN.

Je ne le haïssait non plus le dude. Je le trouvais trop caricatural. Je crois que son opinion comptait trop fort juste à cause de son statut. Comme Michel Bergeron au Hockey. On ne peut pas lui enlever le fait qu'il a coaché dans la LNH mais ça fait pas de lui une référence en matière de hockey. Tu vois ce que je veux dire..?

Je ne sais pas trop quoi penser de lui, overall.

J'aime pas les extrémistes de tout azimuts. Pis lui je le considère extrémiste.

Pis il fumait comme un tracteur, c'est comme normal qu'il périsse pas le cancer...

Là Ben, j'ai vraiment hâte que tu commences à nous parler de hockey. Du Canadiens. De la Sainte-Flanelle. Je crois que la prochaine saison ne sera pas facile. Va falloir que les jeunes se serrent les fesses pis que les vieux jouent à la hauteur de leur contrat.

On se fait une game chez moi en HD avant que ta copine accouche.

Yeah!!!!

Vaze.

Anonyme a dit…

Falardeau, ce que j'aimais de lui, c'est sa sincérité. Blanc ou noir, bon ou méchant, séparatiste ou colonisateur.

Au-delà du polémiste, il faut absolument reconnaître le cinéma de combat qu'il a mené. Je suis curieux de savori à quel point il a pris son pied à faire son métier. Pour lui, c'était cérébral, même pour Elvis Gratton 2.
Une grosse rigolade fait pour la piasse. Et encore-là, je suis convaincu que chaque plan large en pan, chaque virgule dans les dialogues et tous les perruques laides étaient réfléchis.

Je suis allé voir 15 février 1839 au moment où j'étais l'un de ses plus fervents fidèles. Un film poignant, j'avais failli péter les bras de mon siège juste par rage.

Falardeau, c'était un enragé qui faisait le combat. Il a gagné certains batailles, perdu d'autres. Là, il vient de perdre la guerre. Criss de maladie.

C'était un créateur extraordinaire qui a enfilé la caméra au lieu des gants de boxe. Je vous conseille la lecture de Pierre Falardeau: persiste et film de Mireille La France avec qui il revisite chacun de ses tournages. Une lecture fascinante.

Je conseille aussi de revoir Octobre, 15 février 1839, Octobre, Le Temps des Bouffons, Pea Soup et la Magra.

Continuons le combat nous dirait-il. Essaie de reposer en paix lui répondrais-je.

nabot